Manifeste GroundZero / Festival des Architectures Vives 2006 / CyrAr

Publié le par An-architecte

Présentation de l’équipe

 

L'entreprise de Gz est digne parce qu'elle est sans objet. En ce sens, elle salue la vacuité de son temps. Elle dit la triste impotence de l'humain contemporain à se rendre cause. Comment ces borgnes aux boites crâniennes oeunuclées de pensées sauraient-ils se saisir du cristal de flocons dans le brouillard du royaume aveugle ? Un simple circuit nerveux qui remonte l'écran d'une rétine, provoque les lobes frontaux atrophiés et assourdit d'un cliquetis de stimulis. La souris pour technique d'idéation. On a l'histoire qu'on mérite. Pisser dans un fleuve en attendant la goutte qui débordera son lit. Alors que le désordre homologué s'organise en règne. Gz s'autorise une moquerie narquoise à la niaiserie assortie : un ordre non agréé. Une version souterraine. Gz ce n'est peut-être qu'un rien de plus, mais c'est un trop plein et déjà un dépassement. Cette excroissance outrepassante est l'exhausteur qui rend le goût exécrable. Aussi, Ground Zéro n'a pas de fondation, mais un périscope et une exondation...

 

Cette association opère dans le tirant d'eau. Elle ne s'identifie pas. Elle s'inocule.

 

Des inconnus ne peuvent prétendre à aucune visibilité, mais cette inconnuité est celle de tous. La visibilité n'est qu'un état de la réalité, et la tendance nominative est privative. Elle ne se rue sur le ciel que pour en refaire un, elle ne renverse une vieille puissance que pour légitimer une nouvelle. Cependant, le but malgré qu’il disparaisse constamment aux yeux de chaque nouvelle tendance, c’est de jeter à bas réellement et absolument le ciel, la tradition, l’homme même.

 

Ainsi, loin de rendre l'association inopérante, son anonymat est celui de tous. Et d'emblée engage dans la voie d'une connaissance.

 

Si tu as l’appétit d’un chas où tu puisses te défatiguer de ces cénacles de chiromanciens, de ces chamailleries vétilleuses de sermonnaires, les abandonner à la septicémie de leur céphalées, rester inapprivoisé et être du côté du faire. Si tu restes plutôt un séraphin sélénite qu’un séide sectaire. Appareilles pour l’enchantement d’une traversée, ne sois pas déserteur désemparé, de la désinvolture, juste assez pour ne pas te dérober. Cesses de faire faire, superviseur de lendemains qui chantent. Fais. Et alors tu fondes et il te reste à élever depuis le Ground Zéro. Ta raison intuitive pour boussole, le premier pas fera chemin. Et le chemin sera suffixe d'une méthode.

 

De la pratique, on n’apprend qu'en la pratiquant. Les outils théoriques sont à forger depuis elle, pour y retourner.

 

Nos activités se sont pour lors concentrées en flux connectique presque ombilical, mais les supports changent... l'architecture de réseau, l'image contrecarrée, la démystification du processus de constitution du cadre bâti du dessin réglementaire au dessein réglementé.

 

Comment se réunir soi et les autres égales à moi-même pour grandir : Gz

 

Gz postule l’universalité du statut de travailleur des arts, alors que d'autres s'en rengorgent.

 

Tous ces travailleurs ont en entre les mains la puissance la plus formidable, s’ils en prenait une fois conscience et voulaient la mettre en oeuvre, rien ne leur résisterait : ils n’auraient qu’à cesser de travailler, qu’à considérer la matière travaillée comme la leur propre et à en jouir. Tel est le sens des agitations planétaires qui se manifestent de temps à autre. L’Etat repose sur l’esclavage du travail. Si le travail devient libre, l’État est perdu.

 

Mais nous n'avons plus besoin de lui que de lui, nous. Qui ne travaille pas, ne mange pas. Le mot travail n'existe pas en grec. Il n'y a que le mot agir, faire : faire l'amour, faire la sieste.

 

Voilà Gz perdu dans la houle des anodins, cette armée d'ombres appliquées à leurs anonymats, là et las d'une ville où tous sont ni plus et chacun ni moins que l'imaginaire collectif d'une ville. Le doute n'est pas permis, pas de place pour cet enfant de malheur et il faut élude parce que. La ville qui se donnerait comme question à jamais irrésolue est à construire. Celle où l'on érigerait des statue(t)s aux gueules défigurées que tous envisageraient, alors mais surtout enfin, de dévisager dubitablement. Où le soleil déclinerait pour s'incliner galamment à la journée d'un jour continu jusqu'au soir suivant de son lever. Une ville dont l'ensemble serait plus que la simple somme des particules qui l'excitent, orpheline de ses voyageurs plus que fille de ses habitants, bergère au long cours plus que troupeau infamant. Où nous suivrions l'étoile de notre destination et abandonnerions la pitance de notre incarnation. Une cité juste. Où nous serions nous, personnifiés. On se battra pour elle parce qu’elle nous reste interdite.

 

Gz se cramponne au manège des révolutions logiques. Comme Charlot dans les rouages des temps modernes, Gz s'incorpore au débit de l'évolution enragée. La bataille de la contre information n'est pas gagnée, mais nous ouvrons le front de l'émission toutes azimuts. Il ne reste qu’à enfreindre les règles, sinon le jeu est joué et perdu d’avance, vain et vaniteux. Avatar de logiciel en rang par un et par intermittence : une vie nouvelle dans la ville nouvelle du nouvel avenir qu'ils ont avancé. Toujours à l’oeuvre une même logique sérielle et reproductible.

 

Quelque chose d’indécis entre une vague phénoménologie de la ville et une timide ontologie des lieux, nourries de vagabonderies.

 

Gz préconise une exploration de l'a-logisme en architecture, en fracture roide avec la forme qui n'est que convention.

 

Notre entendement de pop up city

 

Bref préambule pour l'internaute non averti :

 

Pop-up définition

Un pop-up ou fenêtre surgissante est une fenêtre informatique qui s'affiche au-dessus de la fenêtre de navigation normale lorsqu'on navigue sur Internet, souvent pour afficher un message publicitaire.

 

Nouvelle fenêtre du navigateur qui apparaît automatiquement lors du chargement d'une page Web ou lors d'un clic sur un lien hypertexte. Cette fenêtre, souvent plus petite que celle du navigateur, contient généralement une publicité, un encadré, une définition, un avertissement.

 

Forme incontrôlée de méta-texte, le pop-up a valeur d'intercalaire et délivre un message secondaire dont la nature reste relative au contexte toujours renouvelé de son occurrence d'apparition. Son intervention se caractérise par l'inopportunité de son surgissement : le popup est inattendu, indésirable, sauvage et proliférant. Si l'on rapporte ces mêmes qualificatifs à la ville, alors, les formes urbaines résultantes relèvent de l'informe, ce qu'aucune politique de la ville ne commande. Une an-architecture, à savoir un modèle que ne régie aucun ordonnancement ou une simple "tecture" intentionnellement privée de son préfixe, au sens d'une pratique constructive désordonnée. Ainsi donc, "la ville de l'ombre" interstitielle ; soumise à la surprise, acclimatée à l'intempestivité est effectivement celle qu'a priori évoque ce sombre anglicisme.

 

Les pages web, ce sont les carrés oranges délimités, dans cette configuration nous serions les alentours clignotants, les bannières racoleuses, la chalandise des marchandises : le cul serti de latex, les îles désertes allé/retours dégriffés, le site de téléchargements légalisés... La ville si elle n'est pas qu'exclusivement publicitaire est essentiellement économique. Son économie, c'est son activité de carrefour, son commerce humain. Elle se constitue en un "eco nomoï" : environnement rationalisé. Et oranges. Donc, nous travaillerons dans un parasite, le négatif des emplacements attribués, aux bordures abandonnées.

 

Or, l’espace urbain n’est pas que le simple contexte morphologique où prennent corps les relations humaines, pas plus que rendre compte des conditions de sa genèse n’achève de dire les gravitations et usages humains qu’il accueille. Aussi, c’est bien à l’étude de ses deux composantes et leur équilibre interactif, qu’engage la synthèse urbaine. Les magasins généraux n’auraient jamais été exhaustivement définis sans une attention portée aux pratiques des individus qui y vivent, et qui de leurs activités mêmes, les construisent continûment. Mais simultanément, l’observation est réversible, produit de l’activité humaine, la ville est aussi l’une des instances de socialisation qui font des hommes ce qu’ils sont. Aussi, sans raisonner en diachronie, il n’est pas de synthèse structurée. Étant entendue qu’en matière urbaine il n’est pas d’analyse close.

 

Pop-up city ne veut rien dire d'autre que ville spontanée. La caractéristique spontanée, les villes ne l'acquièrent que forcées. Les villes sont sédentaires elles s'enracinent dans leurs fondations et leurs propriétés. Lorsqu'elles en sont dépourvues elles ne l'ont pas choisi. Alors la ville spontanée c'est peu être la mobilité d'un camp de gitans ou les tentes de médecins du monde. C'est souvent l'exclusion qui les produit et conséquemment leur installation échoue hors les murs dans les espaces résiduels non traités. Là, la ville spontanée trouve son terreau. La pop-city, c'est un bidonville ou une ville-champignon ? Quand la ville est en question le propos est invariablement politique, le politique, c'est l'art des villes. Gz s'est gardé de l'écueil d'un activisme prosélyte. Cela dit... La dent creuse d’entre deux stands, c'est aussi cette ambivalente mauvaise conscience sociale de la vacance malgré les sans abris, cette névrose collective qui paralyse l'urgence d'un pays où l'on démolit alors que 900000 logements manquent. Entends-tu la Duchère qu'on enterre. C'est cette urgence que convoque ce programme de ville spontanée ou c'est l'intérêt problématique du thème architectural “tu me passes les petits-fours“. Quelle qu'en soit l'opinion du comité organisateur, la ville spontanée c'est aussi celle des occupations anarchitectes et peut-être que des pontages sont à monter avec certains collectifs de squatters ? No vox, théâtre de verre... construire quelque chose pour s'abriter de la pluie mieux que sous sa tête. L'espace inoccupé est celui de tous, jusqu'à ce que certains le constituent en lieux, l'emprise au sol de mes pieds est une privatisation de l'espace que je foule ou une appropriation pédestre temporaire. Trousseau de clefs. Seuil. Droit au logement.

 

« Le plus urgent ne me paraît pas tant de défendre une culture dont l'existence n'a jamais sauvé un homme du souci de mieux vivre et d'avoir faim, que d'extraire de ce que l'on appelle la culture, des idées dont la force vivante est identique à celle de la faim. »

Antonin Artaud

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